Désespoir de parents

Publié le par Colette Lefevre

Afin d'essayer de comprendre comment mon ancêtre, enfant trouvé, dont je vous ai déjà parlé, a reçu le nom de Ravenne, j'ai décidé de recenser tous les enfants exposés la même année que lui. Et, au fil de mes recherches, j'ai trouvé deux actes qui confirment ce que je pense.

Je m'explique, contrairement à ce que j'ai pu lire, ici au là, je suis persuadée que nos ancêtres tenaient beaucoup à leurs enfants, qu'ils souffraient énormément de leur décès et, que les abandonner, pour X raisons, devait être pour eux un vrai déchirement.

Voici donc ce que j'ai relévé, le 28 février 1831 (p35 du registre) : l'enfant qui était exposé ce jour là, paraissait âgé d'environ 4 ans, il était vêtu de mauvais haillons sur lequel il a été trouvé une lettre adressée à Monsieur Dosières directeur de la maison de l'hospice d'Evreux ainsi conçu :

" Monsieur Dosière

Les malheurs et la maladie macables et me force enfin à déposé dans votre maison ma malheureuse petite fille, daignez au nom du ciel lui servir de père, j'ai sacrifié jusqu'à ma dernière ressource pour lamené à l'age ou elle est, c'est pour ne pas la voir peut être mourir de fin que je fais, le ciel est témoin de mes larmes et daignez la protéger en la gardant dans votre maison car je crains pour elle une nourrice de campagne vue la délicatesse de son tempéramant, elle n'est pas méchante elle est très douce elle ne troublera ces compagnes d'infortune hélas, Monsieur si vous avez pitié de ma pauvre enfant je vous en serai une éternelle reconnaissance et je prie aussi madame la supérieure d'avoir pitié d'elle, si dieu me rand la santé et me fournise quelque resource je la reprendrai auprès de moi c'est la mon espoir et ce qui me donne le courage de le faire, au nom du ciel gardé la près de vous ma pauvre petite âgée de 4 ans du 2 février, elle se nomme Reine Félicie, j'ai l'honneur de vous saluer, respectueusement la plus afligé des mères. Evreux le 27 février 1831..". Cette déclaration est tout à fait explicite, peut-on douter de sa sincérité ?

Et voici un autre acte, moins développé, mais tout aussi édifiant : 13 mars 1831 (p 40) l'enfant est vêtu de mauvais haillons, ayant autour du bras gauche un petit bout de ruban en faveur bleu avec une perle bleue, sur lequel il a été trouvé un billet ainsi conçu "cette enfant est née la nuit du 6 mars à onze heures trois card mil huit cent trente et un, l'on vous prie de le faire baptisé au nom de Céleste Aimée, l'on vous prie d'en avoir soin, le parent étant dans l'indigence ne pouvant pas lui donné ... besoin de la vie pour le présent mais il espère avec la grace de Dieu pouvoir lui donné plus tard".

Je pense, que ces billets ou lettres, ne doivent pas être des cas isolés et prouvent dans quelle misère se trouvent les parents, plus souvent la mère d'ailleurs, les enfants naturels sont légion dans ce registre d'Evreux, car il n'y a pas d'autre solution pour espérer sauver son enfant. Quelle misère de ne pas être en mesure de nourrir sa chair, son sang et de se trouver dans l'obligation, seule issue de secours, de les confier à d'autres personnes, sans savoir si ces personnes s'en occuperont comme il le faut.

Sources : Archives départementales de l'Eure, registres d'état civil des naissances .de l'année 1831.

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E
Vraiment émouvant.
M
Bonjour,<br /> votre article a retenue mon attention, car j'ai dans ma généalogie, la grand-mère de mon grand-père qui je pense, est avec son frère et sa sœur des enfants abandonnées à la naissance à la sage femme du village. qui elle étant célibataire à recueilli ses enfants et surtout les a reconnu. je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, juste une intuition.
C
Merci de votre lecture et de votre commentaire. Pourquoi cette intuition, quel(s) détail(s) vous fait (font) penser à cette situation ?