L comme Libre circulation des grains

Publié le par Colette Lefevre

L’année 1772, apporte son lot de malheurs. Une épidémie de variole, de grippe et de typhoïde fait des ravages. Lors de l'hiver il tombe une grande quantité de neige, cette neige dure environ neuf semaines entraînant la mort de nombreuses personnes et de nombreux animaux, on recense cent cinq décès à Bellou contre une moyenne de quarante habituellement.

Le 10 mai 1774, retentit dans les rues de Paris « Le Roi est mort, vive le Roi ». Louis XVI succède donc à son père, Charles espère que ce nouveau roi sera plus « humain » que son père, plus proche de son peuple !

Au printemps 1775, suite à la libre circulation des grains1, une rumeur de famine imminente emplit le pays, les prix flambent et des émeutes surviennent. Charles a entendu parler de ces émeutes ainsi que de la répression qui a suivie avec l'intervention de 25 000 soldats, 162 arrestations, et la pendaison de deux émeutiers, un perruquier de 28 ans et un compagnon gazier de 16 ans, exécutés pour l'exemple en place de Grève. Il est ulcéré de voir comment Louis XVI traite le peuple surtout lorsqu'il apprend comment s'est déroulé le sacre du roi le 11 juin 1775 en la cathédrale de Reims2. Il paraît que Turgot, a reproché au monarque cette cérémonie coûteuse évaluée à 760 000 livres, cependant, le roi n'a pas reculé et a maintenu la cérémonie avec autant de faste que prévu. Les espoirs de Charles sont déçus, ce souverain est bien comme les autres, il ne faut rien attendre de lui, il ne reste plus qu’à espérer qu’il ne soit pas pire

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=RDN/RDN_400/RDN_400_0335/RDN_idPAS_D_ISBN_pu2013-02d_sa05_art05_img004.jpg

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=RDN/RDN_400/RDN_400_0335/RDN_idPAS_D_ISBN_pu2013-02d_sa05_art05_img004.jpg

Mais qu’est-ce que ce bruit ? Que se passe-t-il ? Des tuiles tombent, des cheminées s’effondrent. Charles, sa famille et même tous les Bellouins, n’oublieront pas ce 30 Décembre 1775, quelle frayeur, lorsque vers 10h40,  « on perçoit un bruit sourd, puis une première secousse qui dure deux secondes, suivie d’une autre, très violente, qui s’accélère et devient très violente, du Sud-Ouest au Nord-Est. De tous côtés, on signale alors les incidents habituels : tuiles enlevées, craquement des poutres, déplacement des meubles, cliquetis des vitres.» Certes deux ans plutôt, la terre avait déjà tremblé, mais pas aussi fort que cette fois-ci, heureusement, tout comme le précédent, ce tremblement de terre ne fait aucune victime. Par contre, « à Caen, une pierre tombe de l’église Notre-Dame et fracasse le bras d’une femme ; une autre blesse un homme qui doit être trépané. Des ouvriers qui travaillent dans une carrière, à cent cinquante pieds de profondeur, près de l’abbaye de la Trinité, ressentent plus violemment la secousse. Un navire échoué sur la vase de la rivière glisse et s’abat, tandis que les bestiaux dans les prairies de Vaucelles s’enfuient apeurés.

Le mouvement se prolonge dans toute la région : la tour de l’église d’Hérouville est endommagée ; celle de Cormelles est renversée ; la contretable de l’église d’Eterville est déplacée ; une maison à Cheux s’écroule ; de même, aussi, à Hérouville. A Saint-Lô, la secousse a été forte, ainsi qu’à Falaise ; elle est plus faible à Bayeux et à Alençon. D’après les observations des savants et ce que rapportent des pêcheurs, le centre du mouvement sismique aurait été en mer.3 »

http://www.sisfrance.net/fiche_scan.asp?numevt=140007&chrono=8805

http://www.sisfrance.net/fiche_scan.asp?numevt=140007&chrono=8805

En cette année 1776, Marie Madeleine est étonnée de voir son mari heureux, lui qui est toujours en colère, oui, mais voilà, il vient d’apprendre que la corvée royale est supprimée4, Charles s'en réjouit car il lui est de plus en plus difficile de faire de longues journées, il a 65 ans, ses rhumatismes le font souffrir, ses forces le lâchent, quant à Marie Madeleine, elle a 64 ans, elle est très fatiguée et ne peut plus aider Charles. Il s’en réjouit aussi et surtout pour ses enfants, qui vont pouvoir ainsi s’occuper plus de leur famille.

1 – La liberté du commerce intérieur des grains et la libre importation des céréales étrangères

La libéralisation du commerce des grains sous l'Ancien Régime fut décrétée par un édit de Turgot en 1774 sous l'influence des physiocrates. Elle fut de courte durée, notamment en raison de la guerre des farines, une série d'émeutes qui conduisirent Turgot à rétablir le contrôle des prix du grain, tandis que les classes populaires dénonçaient un « pacte de famine» passé entre le roi Louis XVI et les spéculateurs ou autres « accapareurs ». En supprimant les prix fixes, en augmentant la concurrence et en supprimant les privilèges commerciaux,

Turgot pensait faire baisser les prix du commerce des grains tout en encourageant leur circulation. Toutefois, cette tentative se heurta aux manoeuvres des spéculateurs, aux mauvaises récoltes, aux attaques politiques et au mécontentement populaire. L'augmentation immédiate du prix du grain se répercutait en effet sur celui du pain, principale source d'alimentation de la paysannerie et, en général, de la population. Les propriétaires des grains, désormais libres d'attendre les cours les plus hauts, spéculèrent en stockant les blés, voire en les achetant dans des régions de bonnes récoltes pour les vendre dans les régions où les profits pouvaient être plus importants.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisation_du_commerce_des_grains_sous_l%27Ancien_R%C3%A9gime

2 - le sacre de Louis XVI
Le 11 juin 1775 en la cathédrale de Reims, Louis XV est sacré selon la tradition remontant à Pépin le Bref. Le contrôleur général des finances, Turgot, reproche au monarque cette cérémonie coûteuse évaluée à 760 000 livres ; cependant, le roi ne recule pas et maintient la cérémonie avec autant de faste que prévu.

La cérémonie est présidée par l'archevêque de Reims Charles Antoine de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le dauphin. Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain : « Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle. » Le couple royal gardera un très bon souvenir de la cérémonie et des festivités onsécutives. Marie-Antoinette écrira à sa mère que « le sacre a été parfait [...]. Les cérémonies de l'Église [furent] interrompues au moment du couronnement par les acclamations les plus touchantes. Je n'ai pu y tenir, mes larmes ont coulé malgré moi, et on m'en a su gré [...]. C'est une chose étonnante et bien heureuse en même temps d'être si bien reçu deux mois après la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement continue. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XV


3 - Les tremblements de terre de Normandie :  http://www.bmlisieux.com/normandie/dubosc43.htm

 

4 – Suppression de la corvée royale.

« La suppression des corvées a été l’un des accomplissements notables de l’administration Turgot, lors de son court passage au ministère des finances (Contrôleur général), d’août 1774 à mai 1776. La corvée correspondait à l’obligation de participer à la construction et à l’entretien des routes, de manière non rémunérée. Cet impôt touchait majoritairement les paysans, qu’il éloignait du travail de leurs terres pour les faire entreprendre, sans entrain, sans qualification et la mort dans l’âme, des travaux d’aménagement routier.

… Condorcet, qui le soutenait ardemment dans cette lutte, écrira que cette abolition devait être pour les paysans « un bien inappréciable ». « On peut calculer ce que cette suppression peut épargner d’argent au peuple, ajoutera-t-il, mais ce qu’elle lui épargnera du sentiment pénible de l’oppression et de l’injustice est au-dessus de nos méthodes de calcul. »

http://www.institutcoppet.org/2016/03/27/suppression-corvees-turgot-fevrier-1776

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article