BAUDIN Louis Nicolas et PLE Marie Victoire (76/77)

Publié le par Colette Lefevre

Louis Nicolas tu vois le jour le mercredi 10 juillet 1771 à Nogent l'Artaud dans l'Aisne. Tes parents, Louis Nicolas, manoeuvrier, âgé de 29 ans et Marie Geneviève MARTEAU, âgée de 24 ans, sont mariés depuis 2 ans et demi. Tu es baptisé le jour même, tes parrain et marraine sont : Nicolas Louis SAUVAZIN et Angélique FALLET. À ta naissance, tu as déjà une sœur de 22 mois, Marie Geneviève, puis suivent : Jean Pierre (1774), Marie Catherine (1776), Pierre Joseph (1780, mais il décède 16 jours plus tard) et Pierre François (1789), vous êtes donc 5 enfants.
Vous déménagez assez souvent, Nogent l'Artaud, La Chapelle-sur-Chézy, Viels-Maisons, toujours dans l'Aisne, puis Verdelot en Seine-et-Marne, mais toutes ces communes ne sont pas très éloignées les unes des autres. Il faut aller là où se trouve le travail.

Tu vas sur tes 23 ans quand survient le décès de ton père. Ton plus jeune frère n'a seulement que 5 ans, je pense, qu'en tant qu'aîné des garçons, tu aides ta mère, d'autant que tu es encore célibataire, peut-être même vis-tu encore dans sa maison. Tu es manœuvrier toi aussi, sûrement prends-tu la relève de ton père.


Toi, Marie Victoire, tu arrives sur cette terre le jeudi 10 mai 1781 à Verdelot en Seine et Marne. Tes parents Jean PLE, âgé de 59 ans et Marie Nicole COLLIN, âgée de 35 ans sont mariés depuis près de 9 ans. A ta naissance, tu as 5 demis-frères et soeurs, du premier mariage de ton père : Jean (1754), Marie (1757), Louise Romaine (1766), Louis Nicolas (1768) et Marie Françoise (1769) et pour frères et soeurs : Nicolas Christophe (né en 1774), Joseph (né en 1775), Jean Baptiste (né en 1776), Marie Jeanne (née en 1778), et Louise Reine (née en 1780), suivent Marie Louise (1782), Prosper Adrien (1784) et Jean Baptiste César (1789). Vous êtes donc 11 à table tous les jours ! Ton père est berger, il cultive sûrement un jardin, mais ce ne doit pas être toujours suffisant pour répondre à tous vos besoins (2). De quoi vivez-vous, comment vivez-vous ? (3). Les aînés doivent travailler pour aider la famille à vivre !
L'année de tes 20 ans est marquée par deux très douloureux décès : en mai celui de ta mère et quatre mois plus tard, celui de ton père. Qui s'occupe de Jean Baptiste César qui n'a que 13 ans, peut-être est-il déjà placé, il est vrai qu'à cette époque les enfants travaillent dès l'âge de 8 ans et pendant 12 à 15 heures par jour !


Vous vous mariez le 13 nivôse an XII soit le 4 janvier 1804 à Verdelot, Louis tu as 32 ans et toi Marie Victoire tu en as 28. De vos parents, seule ta mère Louis Nicolas est encore en vie et assiste à votre bonheur. Vos témoins sont, pour toi Louis, Jean Pierre Gomy un ami et son fils Jean Pierre, pour toi Marie Victoire, Hypolite Roncier ton beau-frère, Victoire, le mari de Marie Jeanne et Louis Charles Stanislas Remoit un ami. Vous ne savez signer ni l'un, ni l'autre.

Deux ans plus tard, en avril 1806, c'est la naissance de votre premier enfant, un garçon, que vous prénommez Louis Jean-Baptiste Adrien. Il grandit seul, jusqu'en janvier 1812, où une petite soeur Marie Marguerite Andréa, vient agrandir la famille. Suivent les naissances d'Antoinette Rosalie Euphrasie (août 1816) et deux ans plus tard, (mai 1818), c'est Romain François Léon qui arrive.
Louis, ta mère Marie meurt le 27 avril 1819, elle ne connaîtra pas vos jumeaux : François Félix Alexis et Aimable Jérémie nés en novembre 1820. Si jusqu'à présent, vous n'avez pas connu la douleur de perdre un enfant, avec ces jumeaux, vous devez craindre que cela arrive et vous avez bien raison, le 26 décembre François Félix Alexis décède, il a 1 mois et demi.
Votre dernier enfant, Victoire Rosalie, nait le 2 septembre 1823, il y a 17 ans d'écart entre Louis Jean-Baptiste Adrien, votre aîné et votre petite Victoire. Vous formez maintenant une grande famille avec vos 6 enfants. Mais pas longtemps, car en juillet 1825, Victoire décède, elle a 22 mois. Et surprise pour moi, sur l'acte de décès de Victoire, que vois-je ? Ta signature Louis, tu as donc appris à écrire ton nom, c'est formidable.

BAUDIN Louis Nicolas et PLE Marie Victoire (76/77)

Après les naissances, vient le temps heureux des mariages et tout d'abord celui de Louis Jean Baptiste Adrien, le 29 janvier 1833 avec Françoise Félicité Thierry.
Le premier février 1836, Marie Marguerite Andréa épouse Ambroise Ferdinand BAUDIN, son cousin germain, ( le fils de Marie Catherine, ta sœur, Louis). Puis arrivent les petits-enfants : Désiré Eugène né en 1836, Léon Alexandre et Louis Augustin nés vers 1840.
Le 30 mars 1840, Antoinette Rosalie Euphrasie se marie avec Alexandre Désiré Gerbin.
Le 13 septembre 1841, c'est au tour d'Aimable Jérémie de convoler avec Louise Adélaîde Benoist et neuf mois après, un enfant naît le 28 juin 1842 Ludovic Désiré Léon.



Victoire, tu ne profiteras pas longtemps de tes petits-fils, tu décèdes le vendredi 15 octobre 1841, à l'âge de 60 ans, à Saint-Barthélemy. Ce sont tes fils Louis Jean Baptiste Adrien, qui signe Louis et Romain François Léon, qui signe Léon, qui déclarent ton décès, Louis assiste à ton inhumation dans le cimetière de Saint Barthélémy.
Tu ne profiteras pas non plus du mariage de Romain François Léon avec Victoire Virginie Honorine SALMON, le 6 décembre 1841, soit deux mois après ton décès. Pauvre Romain, cette fête de mariage ne doit pas être très joyeuse, et quand on n'est pas chanceux, on n'est pas chanceux. Tu ne le verras pas, Victoire, mais le 15 octobre 1842 l'épouse de Romain, Victoire, meurt sans laisser d'enfant, le voici veuf, il a 24 ans. Mais toi, Louis, tu vis avec lui ces moments douloureux. Le 8 mars 1844, il épouse en secondes noces Marie Louise Virginie Gazonnois.
Tu vis aussi les moments douloureux que connait ta fille Marie Marguerite Andréa, lorsqu'Ambroise Ferdinand, son mari, décède le 20 avril 1844, elle a 32 ans et 4 jeunes enfants : Désiré Eugène, Louis Augustin, Léon Alexandre et Victoire Elisa.

Louis , tu as 76 ans en ce 28 avril 1848, et tu t'en vas dans ta dernière demeure, là où tu as accompagné tant d'êtres qui t'étaient chers. Ce sont tes fils Romain François Léon (il signe Romain) et Louis Jean Baptiste Adrien (il signe Louis) qui déclarent ton décès.

Tu ne verras pas le désarroi de Romain François Léon, Marie Louise Virginie décède le 20 juin 1850, laissant deux enfants en bas-âge, Victorine Virginie 4 ans et Ludovic Henri 2 ans. Aussi cinq mois plus tard, il épouse Louise Cézarine Anne Massiot et ensemble ont 6 enfants dont deux meurent en bas-âge. Le 30 janvier 1887, Romain François Léon décède.

Je ne sais pas si Louis Jean Baptiste Adrien et Françoise Félicité Thierry ont eu des enfants, lui décède le 13 janvier 1885.
Le 30 janvier 1864, Marie Marguerite Andréa épouse Eustache Thomas, en secondes noces, mais il décède 4 ans plus tard.
Je ne sais pas si Antoinette Rosalie Euphrasie et Alexandre Désiré Gerbin ont eu des enfants.
Aimable Jérémie décède le 31 mars 1896, il est veuf.

Une vie bien remplie pour vous deux, des moments heureux : sept enfants en dix-sept ans, mais aussi des moments douloureux. Une vie normale pour l'époque. Vous vivez la révolution, période difficile pour la Seine-et-Marne. De novembre à décembre 1793, des mesures anti-religieuses conduisent, entre Coulommiers et la Ferté-Gaucher, à un soulèvement appelé la « Petite Vendée Briarde ».
Le principal souci de la population reste durant cette période la nourriture : malgré ces grandes réserves en agriculture, la région souffre de famine, une partie des récoltes étant envoyés vers la Capitale.


La nuit du 31 décembre 1813 au 1er janvier 1814, les Russes, les Autrichiens, les Bavarois et les Prussiens passent par la Seine-et-Marne pour atteindre Paris et destituer Napoléon.
Plusieurs villes de Seine-et-Marne parmi lesquelles Donnemarie, Moret, Fontainebleau... tombent aux mains d'armées étrangères, on peut imaginer votre terreur en voyant arriver ces hordes de soldats prêts à tout.
Au retour de Napoléon en 1815 (les Cent Jours) le département subit deux années d'occupation qui conduisent à la réquisition des récoltes, à des pillages...
Vous ne devez pas manger à votre faim tous les jours.


(1) Le manœuvrier est « un tout petit paysan », non spécialisé certes, mais qui sait faire plein de choses et pratique donc un « multi-bricolage rural ». Il a un jardin, quelques poules (qui rapporte quelques piécettes une fois vendues au marché), mais pas d'animaux, car où nourrir ces derniers ? L'animal du pauvre est la brebis. Le manouvrier possède au plus, un hectare de terrain. Il laboure avec l'attelage du laboureur qu'il rembourse en journées de travail. C'est aussi « un homme de journées », par son travail, il acquiert un pourcentage sur les gerbes abattues (provision pour l'hiver et pour les futures semences), et quelques piécettes.
(2) Le berger est entouré de légendes. Il passe pour rebouteux ou sorcier. En fait pour environ 4 sols par jour, il conduit le troupeau en dehors des terres emblavées et on le méprisait plus qu'on le craignait.
(3) Goubert parle de « royauté de la soupe ». Faite avec des produits locaux (donc pas de pommes de terre) et un peu de lard dans certaines régions. Avec du poisson près de la mer et des grandes rivières. Il n'y a pas de cuisines (cuisine désigne la cuisson) opulentes hormis quelques jours de fêtes et dans les maisons des paysans aidés ou des bourgeois.
Les maisons : dehors et dedans. La construction et la disposition varient selon le sous-sol, le sol, le climat, les conditions juridiques et les conditions sociales. L'ennemi principal est l'incendie plus que le froid.
Devant la maison, il y a une cour, parfois close, des bâtiments pour les outils, le bétail, les provisions de fagots ou de bois, un jardin et parfois un four si ce dernier n'est pas communal. La maison est uniquement le lieu pour manger et dormir.
La plupart du temps, les meubles sont : la ou les couchettes, la table, le(s) banc(s), le(s) siège(s), le(s) coffre(s) (pour vêtements ou provisions). Il y a rarement de berceau pour les enfants. On sait cela grâce aux inventaires d'intérieur après décès. Les vignerons et les artisans pouvaient avoir un matériel spécifique.


Sources :

Famille PLE : Alain G HERBETTE sur généanet : http://gw.geneanet.org/aherbette
La vie quotidienne des paysans français au 17° siècle, P. Goubert, 1998 (1e éd. 1982)
http://www.la-seine-et-marne.com
Nogent l'Artaud - AD 02 - Registres paroissiaux.
Verdelot - AD 77 - Registres paroissiaux et d'état-civil.
Saint-Barthélémy - AD 77 - Registres paroissiaux et d'état-civil.

Publié dans Branche LEFEVRE

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P
C'est une bonne idée de retracer la viede nos ancêtres, je suis en train de le faire aussi, pour une époque plus récente mais oú finalement on n'a guère plus d'information.<br /> J'ai été touché par cette première signature, qui aussi fait penser à ces moments de grâce où au détour d'un registre surgit la première signature d'une lignée, un nom souvent mal tracé dont on devine qu'il est tout ce que l'ancêtre savait écrire. C'est peu mais ça vient de lui, ou elle parfois, à travers les siècles et c'est presque toujours le seul qui reste
C
Merci de votre intérêt et commentaire. Moi aussi je trouve toujours émouvant les signatures, les seules choses qui viennent vraiment de nos ancêtres et encore plus lorsque ce sont les premières.