H comme HUROT

Publié le par Colette Lefevre

H comme HUROT : Marguerite HUROT (Sosa : 511)

Marguerite tu es née vers 1706, tes parents sont Rémi HUROT et Jeanne MENERAY. A ta naissance, tu as déjà une sœur Marie Madeleine (née vers 1700). Tu seras vite confrontée aux difficultés de la vie puisque ta mère Jeanne meurt le 3 novembre 1720, tu as 14 ans environ et ton père Rémi meurt le 24 septembre 1728 tu as 22 ans environ.

Tu te maries le 15 janvier 1729 à Saint-Laurent-la-Gâtine avec Gilles LAHAYE né en février 1711, fils de Gilles LAHAYE et de Denise GROSSE.

Un bonheur tout neuf pour toi Marguerite, que la naissance de ta fille Marguerite le 14 octobre 1729 vient combler. Tu profites bien de ta fille, tu peux lui donner l’affection qui t’a sûrement manqué dans ton adolescence après le décès de ta mère. Le 8 mars 1731, tu lui donnes une petite sœur Marie. Une troisième petite fille, Anne, arrive, le 17 septembre 1732. Trois enfants en 4 ans cela fait beaucoup, j’espère que tout ce petit monde grandit sans problème et que tu connais de grands bonheurs avec ces charmantes enfants. Quelques années passent, en fait 5 ans et demi et le 4 janvier 1738 naît ta fille Elizabeth.

Puis 18 mois plus tard, le 20 août 1740 nouvelle naissance, mais d’un petit garçon cette fois-ci, que, bien entendu vous prénommez Gilles. Comme vous devez être heureux, je vois très bien Gilles aller à la mairie pour déclarer la naissance et dire à tous ceux qu’il rencontre « C’est un garçon ! ».

Et voici que va suivre deux autres garçons, le 2 février 1742 c’est François qui arrive et le 24 octobre 1743, Pierre vient agrandir la famille. Et quelle famille : 7 enfants : 4 filles, 3 garçons. Que de travail pour toi à t’occuper de tout ce petit monde, tu ne dois pas avoir beaucoup de temps pour te reposer, comme ce doit être difficile de vous nourrir tous. Cependant, vous habitez Saint-Laurent-la-Gâtine, une petite commune d’Eure et Loir, entourée de champs où Gilles est vigneron, vous avez sûrement un jardin, des animaux, à cette époque on vit pas mal en autarcie.

Votre vie va basculer le 2 novembre 1743 car votre fils Pierre meurt, il a 2 semaines. Six mois plus tard, c’est le décès le 1 mai 1744 d’ Elizabeth, elle a 6ans. Perdre deux enfants en six mois quelle terrible épreuve.

Le 6 avril 1745 naît votre fils Vincent, malheureusement vous connaissez maintenant les angoisses de la mortalité infantile et il n’est pas difficile d’imaginer ce que vous ressentez et vos angoisses sont justifiées puisque le 14 juillet Vincent décède il a 3 mois.

Le 7 juin 1746 c’est la naissance d’Hubert et le 1 janvier 1749 tu mets au monde ton dernier enfant une fille Marie. Vous êtes de nouveau une grande famille avec 7 enfants de 20 ans, 18 ans, 17 ans, 9 ans, 7ans, 3 ans et le bébé. Tu dois être très angoissée, supporterais-tu de perdre à nouveau un enfant. Les mois et les années passent, tes enfants grandissent et chacun se marie entre 1759 et 1778, certains te donneront des petits enfants, te voici grand-mère.

Gilles décède entre le 3 juin 1760, mariage de Marguerite et le 9 novembre 1773, mariage de Marie Madeleine. Toi, Marguerite tu décèdes le vendredi 19 octobre 1781, à l'âge de 75 ans environ, à Croisilles.

Tu as eu une vie bien remplie, comme nombre de femmes du 18° siècle où les enfants naissent les uns après les autres, mais décèdent aussi souvent peu de temps après la naissance. Une vie dure, tant sur le plan moral que physique et alors financier n’en parlons pas, une vie pleine de souffrances où les moments de bonheurs sont rares et surtout très courts. Très tôt vous prenez le noir du deuil pour un an par décès et donc vous ne le quittez plus, car les décès se suivent, pas le temps de se remettre d’un décès, qu’un autre est déjà là. Que de larmes versées, que de désespoir de voir ainsi partir ceux que l’on aime. Vous plaigniez-vous ? Même pas sûr, trop de gens sont confrontés à cette situation, vous devez faire face coûte que coûte. Nous maintenant nous nous plaignons tout le temps, pour des peccadilles, des petits riens, nous ne savons même pas apprécié la chance que nous avons de vivre la vie actuelle. Certes, certaines familles vivent des drames comme les vôtres, mais c’est plus rare. Comme dirait une certaine pub, nous n’avons pas les mêmes valeurs, et c’est bien dommage que nous ayons pas vos valeurs !

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V
Un bel article, qui nous interpelle en effet. Je me suis souvent demandé comment ces femmes vivaient ces si nombreux décès d'enfants. Etaient-elles aussi affectées que les mères actuelles dans la même situation ou avaient-elles intégré dès leur enfance qu'une grossesse n'est pas toujours suivie d'une naissance heureuse et le vivaient avec fatalisme ? On était en tous cas bien loin de l'époque actuelle où on ouvre une cellule psychologique pour bien moins que cela.
C
Merci pour votre compliment. Moi aussi je me suis bien souvent demandée comment réagissaient les parents lors du décès de leur enfant. J'ai bien lu des articles où l'on disait que les parents ne s'occupaient pas de leurs enfants avant l'âge de 5 ou 6 ans, vu le nombre de décès important en bas-âge mais je n'arrive pas à y croire. Je suis persuadée que leur chagrin était tout aussi fort que celui que nous pouvons éprouver maintenant, mais ils savaient faire face aux difficultés de la vie mieux que nous, car dès leur plus jeune âge ils étaient confrontés à des situations douloureuses.S'ils mouraient assez jeunes ou s'ils paraissaient plus vieux que nous au même âge, c'est que tous ces chagrins les marqués beaucoup. C'est mon avis en tout cas.